Enquête de Kotaku : du sexisme chez Riot Games ?
Derrière le rêve, la réalité ; Cecilia d’Anastasio a enquêté pour Kotaku pendant sept mois sur Riot Games, mais surtout sur sa culture d’entreprise par rapport aux femmes. Le constat n’est pas folichon.
Avec 1,6 milliars de dollars de chiffre d’affaire en 2015 et une présence eportive inégalée, Riot Games s’est imposé comme un titan sur le marché des jeux vidéo, League of Legends séduisant toujours plus de joueurs, en particulier chez les adolescents. Mais l’enquête de Kotaku, réalisée via 28 actuels et anciens employés de Riot, révèle que la firme dont le campus est basé à Los Angeles et qui emploie plus de 2 500 personnes à travers le monde, révèle que les choses ne sont pas toutes roses.
L’exemple le plus parlant est celui de Lacy (pseudonyme), qui a indiqué vouloir embaucher des femmes aux postes dirigeants, afin de contrebalancer la puissance masculine. Mais beaucoup ont été refoulées car « opportunistes« , « trop d’égo« , « pas assez gamers » ou « trop dynamiques« . Lacy explique son supérieur direct lui faisait également de nombreuses remarques déplacées, notamment en lui demandant si travailler chez Riot n’était pas trop dur étant donné qu’elle était « trop mignonne« . D’autres remarques ont été proférées sur son apparence physique, suggérant que c’était grâce à celle-ci qu’elle avait obtenu son poste ; un autre homme lui a demandé en réunion si son mari et ses enfants ne lui manquaient pas pendant qu’elle était au travail.
Lacy continue en expliquant qu’une fois où une des idées qu’elle appréciait particulièrement n’avait pas été retenue, elle a demandé à un collègue de la reproposer comme la sienne en réunion. Après avoir hésité, son collègue a accepté, et la réception a été unanime : tout le monde a trouvé l’idée géniale. Lacy raconte que son collègue s’est senti rouge de honte, et que les larmes lui ont monté aux yeux. Nous vous conseillons chaudement d’aller lire l’article de Kotaku, tristement révélateur des valeurs du milieu.
Dans la foulée, Joe Hixson, le chef de la communication de Riot, s’est empressé de publier un communiqué, expliquant notamment : « Cet article met en lumière des valeurs qui ne sont pas celles de Riot, et que nous ne saurions tolérer. Nous avons pris des mesures vis-à-vis des instances mentionnées dans cet article, et allons creuser encore pour identifier et régler chacun des problèmes sous-jacents« . Hixson a par ailleurs développé sa pensée dans un long post sur Reddit, en citant notamment le programme « Diversité et Inclusion » du studio ; malgré tout, l’ensemble ressemble plus à une opération de communication et de sauvetage qu’à un réel effort. Pourquoi l’entreprise n’était-elle pas à l’écoute plus tôt de ce genre de problèmes ?
Si les mentalités ont évolué au fil des dernières décennies, les femmes peinent toujours à se faire une place dans le monde du gaming, celui-ci était historiquement dominé par les hommes. Et même s’il est vrai que les créatrices de jeux vidéo ou les joueuses d’eSport sont de fières porte-étendards, le « commun » des gamers reste majoritairement hostile à beaucoup de formes de diversité. S’il n’est jamais agréable de lire ou écrire ceci, force est de constater que la mentalité sur un jeu comme League of Legends laisse souvent fortement à désirer, et que les insultes raciales sont légion. L’exemple du forum de jeuxvideo.com, en novembre dernier, avait fait couler beaucoup d’encre et abouti à des condamnations ; malheureusement, aujourd’hui, il n’est encore pas choquant de voir des formes de sexisme exacerbé sur de nombreux jeux.
Vivement que les mentalités changent.
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