Le long et surprenant procès opposant Epic Games à Apple s’est terminé, et la conclusion est assez troublante. En effet, Apple a gagné sur la majorité des points, la cour de justice de Californie estimant que l’entreprise de Cupertino ne possédait pas de monopole. Cela étant dit, le juge a insisté sur le fait que les pratiques d’Apple étaient « anti-compétitives« , mais surtout délicates à juger étant donné que la concurrence est quasi-inexistante.
L’idée est que si la commission de 30% est conséquente, il est « l’absence de compétition, cependant, rend impossible de dire si cette commission est le reflet de la juste valeur de ces services sur le marché« . Car une des problématiques soulevée tenait du fait que Epic s’attaquait au géant des smartphones, et non à un titan des jeux vidéo ; Apple avait riposté en convoquant Valve au tribunal, afin d’exposer leurs pratiques et d’établir un précédent. Mais comme chacun le sait, le marché des jeux sur smartphone est structuré différemment, les achats in-game étant plus nombreux qu’avec les consoles ou PC.
Le verdict est d’autant plus troublant que le juge a décrit comme anti-compétitive la règle d’Apple empêchant les développeurs d’inclure des « boutons, liens externes et autres actions dirigeant les clients vers des mécanismes d’achat » dans leurs apps. En gros, si la commission d’Apple est maintenue, rien n’empêche les développeurs de la contourner via un lien externe. L’entreprise à la pomme dispose de 90 jours pour appliquer la décision du juge et retirer sa règle.
En soi, c’est une jolie victoire qu’Epic récolte dans sa défaite, mais le studio ne l’entend pas de cette oreille et a déjà déposé un recours auprès de la US Court of Appeals. Rappelons toutefois qu’en appel, Epic peut gagner plus… comme perdre tout ce qui a été acquis. Mais il y a une différence majeure depuis ces quelques mois : c’est qu’avec le verdict rendu ce week-end, Apple est officiellement dans une position anti-concurrentielle, chose que les étasuniens (adeptes du libre-marché) n’aiment pas vraiment. Ajoutons à cela que les GAFAM et leurs appétits d’ogres ne sont plus en odeur de sainteté, et on la firme à la pomme pourrait se retrouver dans une situation plus délicate qu’il y a quelques mois.
En plus de cela, Epic peut éventuellement compter sur le soutien légal de… la Corée du Sud ! Une nouvelle loi entrée en vigueur récemment oblige les plateformes numériques à inclure d’autres moyens de paiement que les leurs ; avec le recul que cela prendra, Epic pourrait potentiellement se servir des données du marché sud-coréen pour montrer combien la commission d’Apple est injuste (selon eux) et entrave un marché autrement plus libre.
Quoiqu’il en soit, les prochains mois s’annoncent intéressants…