Epic Games perd de l’argent à une vitesse folle, et pour cause : entre le marketing agressif de ses jeux et la volonté continue de proposer des jeux gratuits sur son store, le studio américain dépense sans compter pour assurer son futur. Et cette stratégie semble payante, puisque divers entreprises viennent d’injecter un milliard de dollars dans les promesses d’Epic.
Si l’on retrouve dans le lot beaucoup de banques et fonds d’investissement, on notera la présence particulière de Sony, qui vient de lâcher un chèque de 200 millions de dollars. Le fait est notable pour deux raisons : la première est que globalement, le mastodonte japonais tend plus à racheter des studios de manière intégrale, afin d’avoir les ressources nécessaires à sa guerre sans fin contre Microsoft pour la plus grosse (collection d’exclusivités, s’entend). La seconde est que en juillet 2020, Sony investissait déjà 250 millions de dollars dans Epic, ce qui était surprenant en soi ; pour que l’opération soit répétée moins d’un an plus tard, on imagine qu’une opération séduction a été conduite, et avec succès.
Mais pourquoi autant d’argent ? Quel est l’objectif d’Epic Games, sur le moyen voire long terme ? La réponse va bien au-delà des jeux vidéo, et montre l’ambition de Tim Sweeney. Il y a un peu plus d’un an, le PDG d’Epic a participé à une conférence lors de laquelle il a donné quelques intéressants éléments.
Concernant le milliard de dollars, Sweeney a expliqué que cet investissement « servirait à construire des expérience sociales connectées dans Fortnite, Rocket League et Fall Guys, tout en donnant plus de pouvoir aux développeurs et créateurs avec l’Unreal Engine, Epic Online Services et l’Epic Games Store« . Mais surtout, le PDG a fait mention du « Métavers« , un mot qu’il aime beaucoup et qui est chargé de projets.
Pour expliquer les choses simplement, l’idée est de faire évoluer Internet dans sa phase suivante, en connectant tous les écosystèmes. Exemple : une adresse email Microsoft peut communiquer avec une adresse email Google, alors qu’elles sont hébergées sur des serveurs/infrastructures différents. L’idée est d’arriver à quelque chose de similaire, mais dans l’industrie du jeu vidéo et, globalement, de toutes les applications sociales. Entre l’Unreal Engine qui est largement utilisé par les studios à travers le monde, les tournois esportifs sur Fortnite et Rocket League ainsi que les campagnes marketings croisées sur Fortnite, il est indéniable que Epic souhaite rassembler individus comme entreprises dans un même univers, auxquels plusieurs gros acteurs participent.
Il est d’ailleurs intéressant de noter, avec une certaine ironie, que si Epic Games fait depuis plusieurs années du crossplay une priorité, Sony s’y montrait jusqu’à peu très opposé. Mais les choses changent, et les récentes ambitions de Microsoft ont peut-être poussé le géant japonais à revoir sa philosophie. Quoiqu’il en soit, avec ce milliard de dollars supplémentaire, Epic semble définitivement mener la charge pour donner une nouvelle forme aux jeux vidéo à travers son Métavers, même si l’ensemble paraît encore assez compliqué. Le studio bénéficie néanmoins de solides bases avec l’arrivée prochaine de l’Unreal Engine 5, mais aussi de son nouveau label d’édition. Par ailleurs, des partenariats comme celui annoncé avec GOG Galaxy montrent une réelle volonté de s’ouvrir aux autres, et d’offrir toujours plus de choix à la communauté.
Ce qui est sûr, c’est que dans les années à venir, l’entreprise de Tim Sweeney risque bien de déployer de nouvelles fonctionnalités sur ses différentes applications, connectant les gamers dans un univers bien plus large que celui que nous connaissons actuellement. En fonction du tournant que la guerre judiciaire contre Apple prend, il n’est pas impossible que Epic ressorte, d’ici la fin de l’année, largement grandi auprès des acteurs de différentes industries.