Est-ce que Webedia a reçu beaucoup (trop) d’argent de la région IdF pour des tournois esportifs ?
Des gros sous qui rendent fou ? Le sport électronique est, depuis sa création, un appât pour les gens ou organisations avides d’argent facile, pas forcément très propre. Et manifestement, les gros poissons nagent aussi en eaux troubles : le journal Libération a obtenu des documents mettant en causes des financements douteux de la région Île-de-France pour des tournois créés par Webedia. Un tournoi en particulier, en fait : un championnat sur FIFA 18, à Poissy.
Libération révèle que 200 000 euros seront versés par le conseil régional, tandis que 140 000 euros seront versés par différentes villes. On obtient donc un total de 340 000 euros, soit… 100% du coût de l’événement, tel que chiffré par Webedia ! Il faut savoir que généralement, lorsqu’elle prend en charge des événements sportifs, la région Île-de-France participe à un montant de 30%, contre plus de 50% ici. L’affaire est d’autant plus scandaleuse que Webedia est valorisée un peu plus d’un demi-milliard d’euros, et affichait un chiffre d’affaire de 60 millions d’euros en 2016 ; on est donc loin des petites LAN de passionnés qui ont besoin d’un maximum d’apports extérieurs pour fonctionner. Au-delà de la malhonnêteté de la chose, et de son éventuelle illégalité, on regrette surtout que cela renvoi l’image d’un eSport vicieux et cupide, au lieu d’un marché créateur d’emploi et briseurs de barrières sociales.
Libé signale également, bien qu’aucune preuve ne soit disponible ici, que le dossier déposé par Webedia afin de demander un financement est relativement léger, ne contenant aucune information technique. Le journal cite néanmoins une personne : « On est surpris de voir l’importance de la subvention alors que le projet prévisionnel ne fait pas trois lignes ! [Il nous souhaite cependant rester anonyme pour ne pas] se mettre à dos Webedia, qui a une puissance de frappe impressionnante« . Le peu d’informations disponibles sont sur le site de Toornament, filiale de Webedia depuis 2016 et ses achats compulsifs dans le monde de l’eSport.
Le journal note également que Marc Ladreit de Lacharrière, le propriétaire de Fimalac (elle-même propriétaire de Webedia !) était un prochain soutien de François Fillon durant la campagne présidentielle de 2017. Valérie Pécresse, présidente du conseil régional de l’Île-de-France, est elle-même membre du parti politique les Républicains, un raccourci étant donc possible. Cela dit, sans preuve, nous nous gardons d’accuser qui que ce soit de malversation en tout genre, mais la possibilité est présente. Il serait hautement regrettable (mais hélas logique…) que l’eSport soit aussi touché par ces scandales politiques et financiers qu’on ne connaît que trop bien via la presse traditionnelle ; ça n’est d’ailleurs pas la première fois que Webedia fait parler d’elle en de si mauvais termes, le forum de Jeuxvideo.com ayant été la source d’insultes sexistes en novembre dernier.
Nous avons contacté l’association France Esports, afin d’avoir leur point de vue. Nous mettrons à jour l’article en cas de réponse.
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