Comme prévu, l’autorité régulatrice britannique a rendu aujourd’hui son jugement sur le rachat d’Activision-Blizzard-King par Microsoft. Et pas comme prévu, ce jugement est négatif.
Dans un communiqué officiel, la Competition and Markets Authority dévoile son inquiétude sur la fusion, qui pourrait « altérer le futur du marché grandissant du cloud gaming« . Cet argument avait déjà été utilisé en février dernier, lorsque la CMA avait suggéré de scinder l’entreprise américaine en de plus petites entités, mais sans réelle justification. Si l’autorité britannique invoque que « environ 60% à 70% du marché mondial du cloud gaming » revient à Microsoft, le décrire comme « fast-growing » selon leurs propres termes est faux – on se rappelle tous de l’échec cuisant de Google Stadia.
Par ailleurs, s’il est vrai que le cloud est un investissement massif de Microsoft via son service Azure, le côté gaming de ce secteur est largement dominé par Nvidia et son service GeForce Now. La CMA évoque sa crainte que Microsoft « trouve commercialement viable de rendre les jeux d’Activision exclusifs sur son service de cloud gaming« , ce qui n’a à aucun moment été suggéré par les deux entreprises.
Concrètement, la décision finale de l’Union Européenne, attendue pour le mois de mai, pourrait potentiellement être retardée. Brad Smith, vice-président de Microsoft, a indiqué que l’entreprise « reste entièrement dédiée à cette acquisition et fera appel » de la décision de la CMA, soulevant que celle-ci « décourageait l’innovation technologique et l’investissement au Royaume-Uni« . Ce dernier point est particulièrement important, car les répercussions sont potentiellement désastreuses… pour le pays.
Les autorités régulatrices de chaque pays ont leur mot à dire, car Microsoft et/ou ABK disposent de bureaux un peu partout ; ainsi, une décision concernant l’une ou l’autre des entités pourrait avoir des conséquences sur les employés, et les organismes étatiques doivent veiller à leur bien-être. Jusque-là, tout est logique, right ? Mais si Microsoft décide d’aller au bout des choses, l’entreprise américaine pourrait bien décider de fermer tous ses bureaux britanniques (et donc de licencier les employés) pour ne plus avoir de comptes à rendre à la CMA. C’est bien sûr l’option de la dernière chance, mais on imagine que Phil Spencer, Brad Smith et Satya Nadella pourraient s’y résoudre.
Il faudra donc voir comment se déroulera l’appel de Microsoft envers la CMA, et surtout quand ; le calendrier est un élément généralement décisif dans des opérations de cette envergure, les choses pourraient donc s’accélérer. On notera toutefois avec une certaine ironie que contrairement à Sony, la CMA ne semble pas vraiment avoir axé son argumentation sur Call of Duty. Si le rachat devait se faire, Microsoft a déjà signé des contrats avec plusieurs autres éditeurs majeurs, dont Nintendo, pour leur garantir le FPS d’Activision dans leur catalogue.
Seule contre tous, il sera intéressant de voir jusqu’où, et jusqu’à quand, la CMA résistera…