En 2020 a été lancé Science intergalactique (Borderlands Science en VO), un mode de jeu dans Borderlands 3 avec un objectif assez original : aider la science, mais dans le monde réel.
Alors que le monde entier entrait en confinement suite à la pandémie de Covid-19, l’université de McGill s’est associée à Gearbox Software pour intégrer une borne de jeu dans Borderlands 3, afin de récolter de précieuses données. Wait, mais comment jouer à un shooter aux blagues plus ou moins immatures peut aider la science à avancer ?
Pour simplifier à l’extrême, les scientifiques (peu importe leur spécialisation) utilisent des modèles nourris de gigantesques données pour calculer/prévoir/anticiper/découvrir différents scénarios. En participant à ce mini-jeu de fonctionnement simple mais soigneusement élaboré, les joueurs de Borderlands 3 ont pu créer et expérimenter des millions de combinaisons, offrant ainsi aux chercheurs de McGill de précieuses données.
Dans un communiqué de presse, l’université souligne que presque 4,5 millions de joueurs ont participé à cette expérience ludique : « Ces joueurs ont permis de retracer les relations évolutives de plus d’un million de types de bactéries différentes qui vivent dans l’intestin humain, dont certaines jouent un rôle crucial dans notre santé. Ces informations représentent une augmentation exponentielle de ce que nous avons découvert sur le microbiome jusqu’à présent. En alignant des rangées de tuiles qui représentent les éléments génétiques des différents microbes, les humains ont été en mesure d’accomplir des tâches que même les meilleurs algorithmes informatiques existants n’ont pas été en mesure de résoudre. » C’est donc un pas en avant majeur pour la microbiologie, qui devrait faire gagner un temps précieux à beaucoup de scientifiques.
Pourtant, la chose n’était pas gagnée d’avance, selon Jérôme Waldispühl, professeur à la School of Computer Science de McGill. Dans une étude publiée via Nature, il détaille : « Nous ne savions pas si les joueurs d’un jeu populaire comme Borderlands 3 seraient intéressés ou si les résultats seraient suffisamment bons pour améliorer ce que l’on savait déjà sur l’évolution microbienne. Mais nous avons été stupéfaits par les résultats. En une demi-journée, les joueurs de Science Intergalactique ont recueilli cinq fois plus de données sur les séquences d’ADN microbien que notre jeu précédent, Phylo, n’en avait recueillies sur une période de dix ans. » Le récent succès enregistré par les scientifiques de McGill s’explique aussi par le plaisir procuré, qui permet de retenir plus de joueurs : Phylo a enregistré une moyenne de 5,7 tâches par joueur, là où Borderlands 3 en compte 35 par joueur !
C’est donc un succès phénoménal, qui permettra aux chercheurs de l’University of California San Diego de rattacher ces bactéries à de nombreuses maladies, mais aussi au vieillissement ou aux habitudes alimentaires. Waldispühl termine avec une note pleine d’espoir : « Nous avons 4,5 millions de personnes qui ont contribué à la science. D’une certaine manière, ce résultat est aussi le leur et ils devraient en être fiers. Il montre que nous pouvons lutter contre la peur ou les idées fausses que le public peut avoir à propos de la science, et commencer à construire des communautés qui travaillent collectivement pour faire avancer la connaissance. »
On espère que d’autres mini-jeux à but collaboratif verront le jour dans le futur, afin que le divertissement puisse continuer à être au service du plus grand nombre !