Si on sait depuis un moment que Sony aime la concurrence aggressive, des documents rédigés par Microsoft vont plus loin : il accusent le géant japonais de payer des « blocking rights » pour qu’ils n’ajoutent pas leurs jeux sur le Game Pass.
Remarqués par The Verge, ces documents officiels ont été présentés à une autorité régulatrice brésilienne, dans le cadre du rachat d’Activision-Blizzard. Il ne s’agit donc pas d’une déclaration presse mais bien d’une communication légale. Microsoft indique notamment que la croissance du Game Pass a été « entravée par le désire de Sony d’inhiber ladite croissance » et que l’entreprise nippone « paye des droits de blocages pour empêcher les développeurs d’ajouter du contenu au Game Pass et à d’autres services d’abonnement« .
L’accusation de Microsoft peut sembler être une réponse à celle de Sony, qui s’était plaint que le rachat d’Activision aurait une influence notable dans la guerre des consoles. L’entreprise américaine a indiqué que ça ne serait pas le cas, il faut bien pointer l’ironie comme quoi Sony a payé pendant de longues années pour avoir des exclusivités timées concernant Call of Duty. Alors que la roue semble tourner assez brutalement, il est plutôt amusant de voir que le constructeur de la PlayStation s’alarmer !
Pour sa part, le chef de la division Xbox a déjà indiqué dépenser « zéro énergie » dans cette fameuse guerre des consoles, qui alimente les réseaux sociaux ; Phil Spencer s’est déclaré à de nombreuses reprises favorable au fait qu’un maximum de joueurs puissent avoir accès à un maximum de jeux. Ainsi, malgré l’exclusivité de jeux à venir comme Starfield ou the The Elder Scrolls VI, il est intéressant de noter que Microsoft a indiqué que son catalogue ne sera pas réservé uniquement à la Xbox.
Bien que les documents transmis aux autorités brésiliennes n’avaient pas vocation à devenir publics, Sony pourrait attaquer son concurrent en justice pour diffamation… sauf si tout cela est vrai. Car la mauvaise image donnée ici à Sony ne date pas d’hier. En septembre 2018, son PDG Kenichiro Yoshida indiquait que le crossplay était inutile car « la PlayStation est le meilleur endroit pour jouer » ; quatre ans après, le procès opposant Epic Games à Apple révélait que Sony faisait payer les développeurs tiers pour les bénéfices générés en-dehors de leur écosystème, crossplay compris. Encore plus récemment, des développeurs indés ont dévoilé qu’il leur fallait débourser une coquette somme pour bénéficier d’un peu d’exposition ; clairement, c’est pas oufissime.
Pourtant, Sony a fait preuve d’ouverture ces dernières années : le rachat de Nixxes Software et la sortie de quelques exclusivités sur PC comme Horizon Zero Dawn ou Days Gone laissaient présager un futur un peu plus radieux. Et pourtant, que nenni, comme disent les jeunes.
Car Sony sort, seulement après des années, des premiers opus : l’idée est donc d’utiliser le back catalogue (composé de titres assez anciens) le plus populaire pour attirer les joueurs PC, et les faire continuer les sagas sur PlayStation. En attendant, les nouveaux titres sont des exclusivités pures, ou même timées : le remake du classique Knights of the Old Republic sera ainsi disponible seulement sur PlayStation à sa sortie. Même son de cloche pour le délicieux remake de Demon’s Souls, qui a été annoncé sur PC avant que Sony ne se rétracte.
Vous l’aurez compris, le titan japonais n’est pas vraiment bien placé pour se plaindre de la concurrence adverse, après tant d’années de pratiques douteuses. En théorie, le rachat d’Activision-Blizzard devrait se passer sans encombre, et ainsi offrir un avantage stratégique important à Microsoft ; mais en face, Sony risque de s’exposer à des problèmes légaux en continuant de soudoyer des éditeurs et studios pour les empêcher de déployer leurs projets sur le Game Pass…