Après l’annonce d’une exclusivité de six mois sur l’Epic Store pour Borderlands 3, et ce dès la sortie, une forte polémique a éclaté ; il faut dire que la plate-forme qui s’est fait connaître grâce à Fortnite subit les critiques virulentes d’une partie de la communauté gaming depuis des mois, avec certaines actions discutables. On parle bien sûr des critic bombings, l’un d’eux ayant dernièrement touché Borderlands 3.
Cela a particulièrement agacé Randy Pitchford, qui s’est exprimé sur le sujet via Twitter. Connu pour son franc-parler, le PDG de Gearbox Software avait ironisé sur les opposants de l’Epic Store, entraînant une nouvelle vague de critique. Manifestant peu atteint, Pitchford a continué à répondre à ses détracteurs, soulevant certains points intéressants. Il faut garder en tête que Pitchford peut se montrer souvent incisif voire-même, selon certains, enfantin. Mais malgré un tempérament bien à lui, il a des explications qui valent le détour.
Après avoir réitéré que même s’il a son mot à dire, la décision de publier sur telle ou telle plate-forme revient finalement à 2K, Pitchford a abordé le problème majeur de l’Epic Store : le manque de features. Le magasin challenger est vraiment basique, là où Steam affiche des fonctionnalités comme les succès, le support des mods, les cartes à échanger… Mais Pitchford anticipe : « Nous devons comprendre que Borderlands 3 n’existe pas aujourd’hui, mais il existera en septembre. Le store sera différent quand le jeu sera lancé. Il sera un avantage [pour l’Epic Store, ndlr] si les fonctionnalités nécessaires à une excellente expérience utilisateur sont apportées. Epic souffrira si à la sortie de Borderlands 3, les utilisateurs ne trouvent pas l’expérience assez bonne« . Pitchford s’appuie pour cela sur la roadmap d’Epic, expliquant qu’il y croit à 100% et même que d’autres fonctionnalités pas encore annoncées ou développées débarqueront. L’idée est donc de servir de l’aura de Borderlands 3 pour pousser Epic à faire les efforts nécessaires au bon développement de sa boutique en ligne.
Because Valve is pretty damn good with some awesome talent, I do not expect them to give up or to lose. They’ll fight for it. And they’ll hang on. There’s even a chance they come out on top. Whatever the case, customers, developers and publishers are going to be better off.
— Randy Pitchford (@DuvalMagic) 13 avril 2019
Il a bien insisté sur le potentiel de l’Epic Store qui se déploiera durant les mois et années à venir, opposant à cela la stabilité morbide… de Steam, qu’il décrit à côté comme « un magasin mourant« . Cela peut paraître une déclaration audacieuse mais, objectivement, il est vrai que la plate-forme de Valve a longtemps été pointé du doigt pour son manque d’innovation. Un futur lifting graphique arrangera un peu la situation, mais il est communément admis que Steam s’est longtemps beaucoup reposé sur ses lauriers. Lesquels viennent d’ailleurs, selon Pitchford, d’une raison similaire : « Même pour nous, il nous a fallu Half-Life 2 pour faire passer la pilule Steam » ; il est vrai qu’historiquement, Valve a eu du mal à pousser l’adoption de sa plate-forme auprès des gamers, et que son jeu iconique y est parvenu aussi sûrement que Fortnite a popularisé l’Epic Store.
Bien entendu, un autre élément à prendre en compte est l’argent. Epic prend une commission de 12% sur chaque vente, ce qui est bien inférieur aux 30% prélevés par Steam. S’il est normal qu’un éditeur ou studio indépendant souhaite maximiser ses bénéfices, il est aussi important de se rappeler que cet argent supplémentaire financera de nouvelles technologies, de nouveaux développeurs, et ainsi de suite. De plus, l’exclusivité ne durera que les six premiers mois afin de générer une plus grosse marge bénéficiaire avant d’être aussi disponible sur Steam.
A titre personnel, malgré un ton parfois irrévérencieux, je pense que Randy Pitchford a fait valoir plusieurs points pertinents, qui montrent que l’industrie du jeu vidéo est beaucoup plus complexe que l’instant présent vu par la communauté. Bien entendu, certaines critiques envers l’Epic Store et Gearbox restent valable, mais ce point de vue assez nuancé offre une perspective qui est loin d’être inintéressante. Si vous souhaitez encore plus d’éléments de la part de Pitchford, vous en trouverez en quantité sur son Twitter.
Because, at the end of the day, these kinds of movements in our industry are always precipitated from content. It takes content to move us. It took Half-Life 2 to even get us (not quite) comfortable enough to swallow the Steam pill back in the day.
— Randy Pitchford (@DuvalMagic) 13 avril 2019
Years from now, we’re going to look back at Steam’s current installed base and laugh at how we thought that was a big number when we add up what all the different stores are pushing together.
— Randy Pitchford (@DuvalMagic) 13 avril 2019
From a track record point of view, my expectation is that Epic’s investment in technology will outpace Valve’s substantially. When we look back at Steam in five or ten years, it may look like a dying store and other, competitive stores, will be the place to be.
— Randy Pitchford (@DuvalMagic) 13 avril 2019