[TEST] Ara : History Untold donne une bouffée de fraîcheur aux 4X et aux city builders
Le genre des 4X (Exploration, Expansion, Exploitation et Extermination) a beau être plutôt populaire, les choix qu’on y trouve sont globalement restreints. Alors quand Microsoft et Oxide Games se sont alliés pour présenter Ara : History Untold, l’intérêt des fans de « grand strategy » a été piqué, et à juste titre. Les premières vidéos de gameplay nous dépeignent un projet original, loin des clones malheureusement trop communs de Civilization… mais est-ce suffisant pour insuffler de la nouveauté au genre ? Réponse ci-dessous !
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Un gameplay pas dépaysant, mais certainement original
La grande cassure entre Ara : History Untold et le reste des 4X majeurs réside dans l’absence d’hexagones, et c’est là un fait notable. On trouve ainsi des régions, qui sont elles-mêmes divisées en zones ; et si les unités se déplacent bien d’une région à une autre, ce sont les zones qui donnent à Ara toute sa magnifique complexité.
Chaque bâtiment construit dans une ville dispose d’une représentation sur la carte, et l’agencement doit être stratégique. Par exemple, le Puits donnant un bonus de production de nourriture à toute la région, il est conseillé de faire des Fermes dans les zones attenantes ; une région contenant une Carrière sera plus propice à y installer d’autres moyens de production. Les Triomphes (équivalent des Merveilles de Civilization) prennent une région entière, il sera donc judicieux d’en sélectionner une n’offrant que deux zones. Cette liberté est certes déstabilisante au début, mais elle donne à un 4X une dimension de city builder bienvenue, qui permet une meilleure planification stratégique, et donc de meilleurs rendements. Et s’il y a bien une chose qu’on aime dans ce genre de jeux, c’est d’avoir les plus hauts rendements possibles !
Oxide Games brise encore avec la tradition, en l’embrassant pleinement mais en y ajoutant une tonne de modernité. Production, nourriture ou encore science sont toujours les fondements d’une civilisation en essor perpétuel, mais Ara se distingue aussi par l’ajout de dizaines de ressources spécifiques ! Livres, roues, bougies, festins, tissus… la liste augmente à chaque ère, offrant une rejouabilité particulièrement élevée. Ces richesses aux nombreuses formes seront nécessaires pour de nombreux bâtiments, notamment les Triomphes, et orienteront votre empire dans une direction plus ou moins précise ; une zone contenant des Vignes pourra être exploitée, vous permettant de faire un bâtiment produisant du Vin ou du Sirop ; est-ce qu’une région dédiée sera suffisante ? Consacrerez-vous une ville entière à ce type de production ? Qu’est-ce qui sera le plus pertinent, en fonction de vos voisins de diplomatie et des constructions à venir ?
C’est une étonnante dimension RPG que Ara : History Untold nous propose, puisque les décisions multiples que nous serons amenés à prendre façonnerons le jeu de mille et unes manières. Qu’on se le dise, cette impressionnante variété peut faire tourner la tête au début, tant les nouvelles mécaniques et icônes colorées sont nombreuses ; mais après quelques heures de jeu, un plan vient a se dessiner, et la planification suit comme sur des roulettes !
La notion de choix se poursuit avec les événements aléatoires, qui dépendant souvent des tribus (genre de cités-états indépendantes) parsemées aux alentours. Des choix multiples avec des conséquences immédiates auront des ramifications plus tard dans la partie, avec des incidences diplomatiques et/ou technologiques à ne pas négliger. Sacrifier une unité de Lanciers pour obtenir 20 parfums et de la réputation avec un voisin peut sembler excessif, mais c’est un move qui sera bénéfique sur le long terme… n’est-ce pas ? Mes essais avec différentes civilisations m’ont permis d’essayer différentes approches, certaines plus isolationnistes que d’autres.
De manière générale, la diplomatie de court et long terme est intéressante dans le sens où vous pouvez nouer différents types d’accords, avec des bonus intéressants. La guerre part aussi d’un bon fond, mais ne séduit pas entièrement ; elle se fait selon des objectifs (comme capturer une ville précise) et se termine sur un score, permettant de décider qui émerge vainqueur. Ce carcan trop resserré empêche de profiter pleinement de la dimension tactique de la map, et enlève même une partie du plaisir de jeu. Résolues automatiquement selon les compositions d’armées et les statistiques, les batailles sont très décevantes et ne constituent pas une facette excitante du jeu. C’est dommage, car si Ara : History Untold brille sur tous les points, celui-ci n’en paraît que plus négatif.
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Monde vivant, détails passionnants
Disons-le d’emblée, Ara : History Untold est gourmand en performances. Il ne faut peut-être pas en attendre moins pour un jeu sorti en 2024, mais il est vrai que les 4X sont en général plutôt accessibles, en tout cas sur le côté hardware.
Il est pourtant difficile de ne pas être impressionné par le niveau de détails dont Oxide a fait preuve. Dézoomée, la map offre les différentes nuances de ses biomes, et les hauteurs enneigées dans ses montagnes ; les points de ressources et les unités sont réduits à des icônes facilement lisibles, afin de ne pas perdre trop de temps. C’est souvent de cette manière que j’ai joué, car la clarté est une composante essentielle de la victoire.
Cela dit, le charme d’Ara se dévoile particulièrement lorsqu’on zoom sur les villes, peu importe leur niveau de développement. Animaux chamarrés et travailleurs pressés fourmillent sur les routes et chemins, tandis que les arbres et les fleurs se balancent au gré d’une douce brise. On en oublie pour un moment que l’on essaye de bâtir une civilisation résistant au passage du temps, car voir les détails vivants d’un empire donne une perspective bien originale – et humaine – d’une tâche autrement colossale. Les bâtiments modélisés par les artistes du studio sont extrêmement variés, et donnent à chaque ère du jeu une identité propre. Forgeron, tisserand, viticulteur… le gameplay riche proposé par Oxide ne se transpose pas qu’en icônes et chiffres sur l’écran, mais bien avec un charme architecturale qui donne une identité propre à toutes les zones au gré de vos volontés.
La même remarque est applicable aux unités, dont des dizaines d’entités se cachent sous chaque icône. Encore une fois, attendez-vous à un certain ralentissement des images par seconde si vous zoomez sur un groupe assez important d’unités, mais il y a quelque chose de profondément satisfaisant à voir un régiment rassemblé, attendant nos ordres. Dommage que les guerres en elles-mêmes ne suivent pas…
La direction artistique poussée va au-delà de l’époque moderne, lorsque le monde et les unités prennent une direction plus futuriste. Difficile d’en dire trop sans gâcher le plaisir, mais Oxide nous propose une interprétation des décennies à venir qui séduit l’œil !
On a aimé :
- Le système de zones/régions est particulièrement bien pensé
- Les Parangons, qui offrent une intéressante diversité de gameplay
- La production de produits finis, avec les choix que cela impliqué
- Des graphismes au top du top, et qui rendent en temps réel le monde plein de vie
- Les milliers de détails par zones, sur lesquels on aime s’attarder pendant des heures
On a moins aimé :
- L’interface qui pourrait bénéficier d’un peu plus de clarté
- La guerre, un aspect clairement sous-développé du jeu
NOTE FINALE
90 / 100
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