Ovni apparu via un étrange trailer il y a près de cinq ans, Atomic Heart a tout de suite frappé par son esthétique et son gameplay. Cet étrange enfant de Fallout et BioShock est développé par Mundfish, un studio russe qui signe ici son premier projet : une URSS dystopique, où l’horreur est incarnée par des mutations biologiques et des monstres mécaniques.
Après des années d’informations et de trailers qui en disent moins que plus, Atomic Heart est enfin disponible, et nous ouvre les portes d’un monde des plus étranges…
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Un univers qui envoie, et respecte les codes
Atomic Heart nous plonge, avec son excellente scène d’introduction, dans ce que l’URSS aurait pu être : un paradis en devenir, où la technologie au service de la civilisation permet aux humains de vaquer à des occupations plus artistiques. Le développement de semi-intelligences artificielles et du polymère (un matériau magique à tout faire, en gros) ont transformé cette nation en puissance mondiale ultime, et à l’avenir radieux.
Le jeu nous introduit à son fonctionnement via un centre de recherche, où nous sommes initiés tant au gameplay qu’aux principes de base de ce monde. Intrigues bureaucratiques et innovations controversées parcourent notre chemin, lequel s’achève dans une voiture volante. Un voyage par les airs nous dévoile l’immensité et la beauté de cette installation militaro-scientifique, qui mêle traditionalisme soviétique et progrès débridé.
Sans être une critique politique complète ou subtile, Atomic Heart pointe du doigt les errements de l’Union soviétique mais aussi de l’époque. La grandiloquence des bâtiments, projets politiques et scientifiques contrastent avec des êtres humains généralement déconsidérés, et la moralité qui est jetée aux oubliettes ; on se retrouve ainsi avec une philosophie de « toujours plus haut, toujours plus loin » qui aboutit à un cauchemar. En effet, l’installation de recherche est remplie de robots qui vont très vite devenir hostiles à toute vie humaine, transformant l’Eden soviétique en Enfer.
Une fois l’introduction passée, le jeu nous emmène rapidement – et pour longtemps – dans un immense complexe souterrain, qui est un élément classique des FPS. Des couloirs étroits où l’on se fait prendre en embuscade, des espaces vastes qui abritent certainement des menaces cachées, des objectifs secondaires enfouis sous des débris difficilement accessibles…
Très vite, Atomic Heart nous plonge dans le genre de labyrinthe qu’on aime, où la peur des ennemis est plus constante que les ennemis en eux-mêmes. L’architecture de l’époque, magnifiée par les étrangetés locales, se révèle à la fois oppressante et charmante, car toujours diversifiée. Il nous faudra explorer certains recoins pour trouver soit des objets bonus, soit des objets de quête ; ces derniers nécessitent souvent d’aller au niveau B pour ensuite débloquer le niveau A, ce qui est dans la veine des FPS classiques. Atomic Heart s’arrange cependant pour que la diversité des environnements rende le missions suffisamment variées.
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Un gameplay intéressant, mais qui pourrait l’être encore plus
Dans la veine de BioShock, le personnage principal possède sur la main gauche un gantelet (élégamment nommé « Charles ») qui lui permet d’utiliser des pouvoirs – grâce au fameux polymère. La télékinésie basique est assez intéressante puisqu’elle permet de looter les armoires et autres bureaux à distance, en plus d’être assez stylée ; idem pour les cadavres, qui émettent un bruit satisfaisant lorsqu’on récupère les composants essentiels dans leurs entrailles, qu’elles soient de métal ou de chair.
Cela étant dit, le gantelet en lui-même est intéressant, mais pas abouti. Des « frigos lubriques » (pour reprendre l’expression du personnage principal) aux dialogues originaux vous permettront de dépenser des ressources pour acquérir des points de compétence. Des passifs comme une augmentation des points de vie, une meilleure résistance ou encore une immortalité timée vous aideront dans de nombreuses situations, et sont partie intégrante de la progression naturelle. Il sera également possible de choisir des genres de pouvoirs, comme la classique projection d’éclairs.
Malheureusement, Mundfish n’a pas été au bout des choses ici. Chaque compétence bénéficie de plusieurs niveaux d’améliorations, mais au final, on ne les utilise que de manière situationnelle. Ces pouvoirs sont sympas mais n’influent pas réellement le gameplay, là où BioShock avait des builds centrés autour de tel ou tel plasmide. Néanmoins, il est important de noter que les points de compétence peuvent être réinitialisés gratuitement, offrant ainsi la possibilité de tester différents builds. Espérons qu’à l’instar de Cyberpunk 2077, qui a affiné ses arbres de talent au fil des mises à jour, Atomic Heart donne plus d’envergure aux capacités de Charles.
Les armes « conventionnelles » sont assez nombreuses. On commence le jeu avec une hache à deux mains, avant de très vite trouver un fusil à pompe, un pistolet et d’autres armes plus exotiques. Il sera très important de looter les cadavres et conteneur que l’on trouve assez souvent, afin de récupérer de précieux composants d’artisanat. Ceux-ci vous serviront non-seulement à fabriquer des munitions, mais également à améliorer vos armes.
Certains ennemis sont en effet plus sensibles à un élément qu’à un autre (feu, électricité…), vous incitant fortement à utiliser des combinaisons originales. Une fois le plan nécessaire looté, vous pouvez fabriquer différents modules pour votre arme ; le premier que vous aurez, à titre d’exemple, vous permettra d’utiliser votre hache dans un large mouvement circulaire. Tous ces modules apportent une plus grande flexibilité au jeu, même si on regrette que Mundfish ne soit pas allé plus loin. Des quêtes dédiées auraient été appréciables, montrant encore plus la folie révolutionnaire qui régissait la science de l’époque, et encore plus dans l’univers parallèle offert par Atomic Heart.
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Quelques agaçantes aspérités
Notamment grâce à son univers, Atomic Heart est tout sauf un jeu lisse – et c’est une excellent chose ! Malgré tout, certains points tendent à être parfois un peu irritants.
Ainsi, le personnage principal est le cliché du gros et fort soldat vétéran, au langage fleuri et capable de sortir de n’importe quelle situation. Certes, c’est l’archétype parfait pour un tel jeu, mais quelques nuances de plus n’auraient pas été déplaisantes.
J’ai aussi croisé pas mal de critiques sur les quêtes secondaires, qui demandent assez souvent d’aller chercher l’objet X en tuant Y pour passer de A à B et satisfaire N. Ce ne sont certes pas les objectifs les plus excitants de l’histoire du jeu vidéo, mais ça correspond au genre ; rappelons que Atomic Heart n’est pas un open world développé comme Cyberpunk 2077, et que l’intimité de son setting est aussi liée à son gameplay. Quoiqu’il en soit, ces quêtes plus ou moins répétitives sont relevées par le personnage.
On l’a dit, le jeu est très beau, avec une excellente direction artistique. Cependant, il est importer de noter l’absence de ray tracing à la sortie ; ça n’est pas une catastrophe en soit, mais on aurait apprécié que l’éditeur Focus Entertainment le signale en amont, surtout après avoir largement communiqué dessus. Cela étant dit, il est important de noter à quel point le jeu est bien optimisé ! En effet, dès la version preview que nous avons reçue quelques jours avant la sortie, Atomic Heart a l’excellent (et malheureusement trop rare…) réflexe de compiler les shaders une bonne fois pour toute. Les ralentissements en jeu ont été extrêmement rares, ce qui garantit une expérience pas désagréable du tout !
On a aimé :
- La direction artistique
- Les graphismes
- L’univers, familier et pourtant si distordu
- Charles, le gantelet à l’humeur piquant
- La variété des améliorations d’armes
- Des ennemis assez variés
On a moins aimé :
- Le personnage principal est sympa, mais trop cliché
- Pas assez de quêtes qui approfondissent l’univers
NOTE FINALE
85 / 100