[TEST] Civilisation VII magnifie nos attentes, puis les écrase dans la foulée
Attente est mère d'interface pas ouf
Ancienne et admirée, la saga Civilization a marqué plusieurs générations de joueurs, avec sa riche complexité et son évolution au gré des décennies.
Le septième opus de cette licence – sans compter les spin-offs – était attendu au tournant, après la paradoxal longue attente depuis Civilization VI et courte période depuis la présentation de la Gamescom 2024. Alors, est-ce que ce nouvel épisode répond à nos attentes et réussit même à les surpasser ? Réponse dans cette review !
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Une claque visuelle à chaque tour
Soyons clairs : Civilization VII est une réussite artistique absolue. Dès les premières minutes, on est frappé par le soin apporté aux environnements. Chaque case du monde est un tableau en soi, regorgeant de détails minutieux. Les montagnes s’élèvent avec un réalisme époustouflant, les océans reflètent les rayons du soleil avec une fluidité inédite, et même les plaines les plus banales dégagent un charme particulier.
Les unités et les bâtiments n’échappent pas à ce souci du détail. Chaque civilisation possède son propre style architectural, ses propres animations, et l’attention portée aux textures est digne d’un jeu AAA. Les guerriers brandissent leurs armes avec fierté, les navires fendillent les eaux en laissant un sillage convaincant, et même les cités évoluent de façon organique selon l’ère et la culture adoptée. Chaque case raconte une histoire, et c’est un véritable plaisir de voir le monde évoluer au fil des siècles ; comme de petits dioramas, les cases n’attendent que de voir le regard des joueurs se poser sur elles, pour en décortiquer tous les détails.
On reviendra sur le gameplay, mais l’implantation des bâtiments est toujours belle, parfois magnifique ; ainsi, certaines constructions propres à une civilisation forment un quartier spécifique, qui au-delà de ses bonus de rendements, offre une harmonie particulièrement agréable. C’est d’autant plus pertinent à l’Âge Moderne, où la pléthore de mouvements, de fumerolles et autres détails donne vie de manière hypnotique à la map !
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Un gameplay affiné, riche en nouveautés
Si les graphismes impressionnent, le cœur d’un Civilization reste avant tout ses mécaniques de jeu, et Civilization VII ne déçoit pas sur ce point. Firaxis a introduit plusieurs nouveautés marquantes qui renouvellent en profondeur l’expérience stratégique, et de manière désarçonnante – mais ça n’est pas une mauvaise chose. Se réinventer après 34 ans de franchise n’est pas chose aisée, mais la saga initiée par Sid Meier n’a pas peur de bousculer nos habitude pour innover.
Les trois grandes ères (Antiquité, Âge des Découvertes, Âge Moderne) apportent un rythme distinct à la progression. Chaque période dispose de ses propres mécaniques, forçant les joueurs à adapter leur stratégie en fonction des défis de leur époque. Fini le sentiment d’une course linéaire vers la technologie ultime : ici, chaque ère impose des choix cruciaux qui influencent le développement futur. Les conditions de victoire, elles aussi, bénéficient d’un remaniement intelligent. Bien que l’on retrouve les classiques domination, culture, science et religion, chacune offre désormais des variantes plus nuancées. La victoire militaire ne repose plus uniquement sur la conquête brutale, mais aussi sur des stratégies d’influence et de contrôle des ressources. La victoire scientifique intègre désormais des défis liés aux avancées environnementales et sociétales, tandis que la victoire culturelle se complexifie avec un système de soft power revisité.
Un autre ajout marquant est la gestion des commandants. Contrairement aux précédents opus où les dirigeants influençaient principalement par des bonus passifs, Civilization VII introduit une dynamique plus active. Chaque leader possède désormais des compétences uniques utilisables dans certaines circonstances, ajoutant une nouvelle couche stratégique aux interactions diplomatiques et militaires. L’IA semble d’ailleurs mieux tirer parti de ces capacités, rendant les affrontements plus imprévisibles et stimulants.
Enfin, la diversité des civilisations et de leurs dirigeants est plus prononcée que jamais. Non seulement chaque nation possède ses propres bonus et unités, mais la séparation entre leader et civilisation permet de créer des combinaisons inédites. Jouer Rome avec un dirigeant axé sur l’économie ou la Chine avec un chef militaire change complètement l’approche du jeu, offrant une re-jouabilité colossale.
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Une interface désastreuse, un naufrage ergonomique
Tout cela aurait pu faire de Civilization VII un chef-d’œuvre absolu… si son interface n’était pas un véritable désastre. Dès les premières heures, l’impression d’un travail bâclé se fait sentir : les menus sont surchargés, les informations essentielles sont noyées sous une avalanche de fenêtres inutiles, et la navigation est un cauchemar absolu.
L’ergonomie, censée rendre l’expérience fluide, est ici un frein constant. Où est passée l’intuitivité de Civilization VI ou de Beyond Earth ? Pourquoi faut-il désormais plusieurs clics pour accéder à des informations cruciales, comme la production d’une ville ou l’état des relations diplomatiques avec les autres dirigeants ? La lisibilité est ici complètement sacrifiée ; qu’il s’agisse des descriptions des mécaniques aux yields des bâtiments (point essentiel de la saga), il paraît presque impossible de mener correctement une partie tant l’ensemble est peu clair. C’est d’autant plus troublant que si le reste du jeu semble avoir été ciselé avec passion et minutie, c’est un travail de brute qui donne l’impression d’avoir donné vie à l’interface…
Pire encore, la palette de couleurs choisie pour certains éléments de l’interface frôle l’absurde. Les icônes se confondent avec l’arrière-plan, rendant certaines notifications invisibles au premier coup d’œil. Le journal des événements est un fouillis sans nom, et les fenêtres d’information, au lieu de simplifier la prise de décision, noient le joueur sous un flot de données mal organisées.
Le pire dans tout cela ? Il ne s’agit pas d’un simple problème de design, mais bien d’un obstacle au plaisir de jeu. À plusieurs reprises, on se surprend à pester contre une action ratée à cause d’une interface trop peu réactive ou d’un bouton mal placé. En l’état, Civilization VII donne l’impression d’un joyau brut recouvert d’une couche de boue inutile.
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Un potentiel bridé par une erreur fatale
Avec ses graphismes éblouissants et ses mécaniques peaufinées, Civilization VII aurait pu être l’un des plus grands jeux de la franchise. Malheureusement, une interface désastreuse vient gâcher une partie du plaisir, rendant l’expérience bien plus frustrante qu’elle ne devrait l’être. Quelques notables oublis sont également à signaler : l’absence de barrages ne passe pas inaperçue, surtout avec les nombreuses crues dont le jeu nous afflige. Est-ce une volonté de vouloir vendre plus de DLC à l’avenir en y intégrant des solutions à des problèmes créés en ce sens ?
En l’état actuel des choses, cet opus est un très bon jeu, qui répondra aux attentes de nombreux gamers. Mais c’est également une mauvaise entrée dans la saga Civilization, se reposant sur les acquis de trois décennies pour adouber une industrie vidéo-ludique qui se contente du strict minimum. Et, franchement, on attendait mieux de Firaxis Games et 2K.
N’est-ce pas ?
On a aimé :
- Les graphismes à couper le souffle
- Les civilisations qui sont uniques (quoique pas assez nombreuses)
- Les événements narratifs qui rythmes le jeu
- La mécanique des Ères, déroutante mais bien ficelée
- Les arbres de technologie et culture, très complets
- Le système de cités-états est renouvelé de manière intéressante
On a moins aimé :
- Interface très peu lisible, et très peu agréable à l’œil
- Manque de certaines fonctionnalités, comme les barrage ou un âge post-moderne
- Le système villes/communes, pas intuitif et sans réel avantage
NOTE FINALE
70 / 100
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