The Crew : Ubisoft persiste sur l’aspect licence, des joueurs contre-attaquent

Une histoire de cartes-cadeaux

Fin février, Ubisoft a demandé le rejet d’une plainte déposée par des joueurs californiens mécontents de la fermeture des serveurs de The Crew. Dans des documents consultés par Polygon, l’éditeur français soutient que les consommateurs n’ont jamais eu de raison de penser qu’ils achetaient un droit de propriété permanent sur le jeu. Selon ses avocats, l’achat de The Crew correspondait uniquement à une licence d’accès limitée, et non à un droit de possession définitif.

« Mécontents de la décision d’Ubisoft de retirer le jeu après une période de préavis explicitement mentionnée sur l’emballage, les plaignants adoptent une stratégie de type « couteau suisse », invoquant huit motifs différents allant de la publicité mensongère à la violation de la garantie, en passant par la fraude et des entorses aux lois californiennes sur la concurrence et la protection du consommateur », peut-on lire dans la réponse juridique de l’entreprise.

En 2024, dix ans après la sortie de The Crew, Ubisoft a décidé de fermer ses serveurs, évoquant des contraintes liées à l’infrastructure et aux licences. Résultat : le jeu est désormais totalement inutilisable. Si certains clients récents ont pu être remboursés, une grande majorité d’entre eux – ayant acquis le jeu bien plus tôt – n’ont bénéficié d’aucune compensation.

Ubisoft estime que les griefs des plaignants sont infondés, d’où la demande de rejet auprès du tribunal. La société tricolore évoque notamment l’expiration du délai légal pour intenter une action en justice, l’absence de préjudice juridique réel, ainsi que des arguments jugés « inadéquats« . Elle a par ailleurs produit des photos de l’emballage de certaines versions du jeu, censées démontrer que la mention de licence limitée figurait clairement sur le produit.

Le débat met en lumière un problème plus large : dans l’univers des médias numériques, l’achat d’un jeu ne signifie pas forcément une acquisition en bonne et due forme, mais souvent une simple autorisation d’utilisation – une nuance qui échappe encore à de nombreux consommateurs. La question devient d’autant plus sensible à mesure que les jeux en ligne disparaissent, rendant leurs contenus inaccessibles. Pour faire face à cette réalité, la Californie a adopté en 2024 une loi obligeant les éditeurs à afficher plus clairement qu’il s’agit d’une licence d’utilisation et non d’une propriété.

Le 18 mars, les plaignants ont contre-attaqué en déposant une plainte amendée. En plus de répondre point par point aux objections d’Ubisoft, ils ont ajouté une nouvelle accusation : selon eux, l’entreprise aurait enfreint la législation californienne sur les cartes cadeaux. En effet, la monnaie virtuelle de The Crew pourrait, selon eux, être assimilée à une carte cadeau – or celles-ci ne peuvent légalement expirer dans l’État. La fermeture du jeu aurait donc illégalement rendu ces crédits inutilisables, et pourrait potentiellement transformer le type de produit qu’est ce jeu vidéo.

Pour appuyer leur position, les plaignants ont fourni des images de l’emballage du jeu indiquant que le code d’activation était valable jusqu’en 2099. Un détail qui, selon eux, impliquait que le jeu resterait accessible au moins jusqu’à cette date ; rien ne laissait donc présager sa disparition avant l’annonce officielle en 2023.

La version révisée de la plainte porte désormais à neuf le nombre total de chefs d’accusation. Les joueurs demandent la certification de cette action collective. Ubisoft a jusqu’au 29 avril pour formuler une nouvelle réponse.

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