La polémique des loots boxes verra t-elle un jour une fin ? C’est en tout cas ce que désire Josh Hawley, sénateur américain de l’état du Missouri ; il a annoncé vouloir présenter une loi visant à « bannir les loot boxes et procédés de monétisation pay-to-win dans les jeux destinés aux mineurs« . Début 2018, un autre sénateur américain s’était attaqué au problème avant que, neuf mois plus tard, la Federal Trade Commission ne décide d’ouvrir une enquête sur le sujet, provoquant une onde de chose internationale.
Le fond du problème réside sur l’addiction que peuvent représenter les loot boxes, en particulier sur les mineurs ; en France, l’ARJEL a indiqué qu’il n’y avait aucun lien entre les deux, et les politiques ne se sont globalement pas impliqués dans le débat. En Belgique, en revanche, une enquête criminelle a été ouverte et les éditeurs ont retiré tous les produits de monétisation dans les jeux vendus dans le Pays plat. D’autres pays de l’Union européenne ont déclaré vouloir se pencher sur le problème, ce qui laisse penser que que des mesures seront annoncées dans les prochains mois, voire les prochaines années.
Si la loi du sénateur Hawley est effectivement votée par les deux chambres étasuniennes, les répercussions seront titanesques. Pour rappel, la polémique des loot boxes a vraiment démarré avec Star Wars : Battlefront 2, a tel point que Electronic Arts a décidé de faire machine arrière. Le fait est que beaucoup d’éditeurs, plus particulier américains, se sont tournés vers la méthode des loot boxes pour monétiser un jeu bien après sa sortie ; à l’inverse, des free-to-play comme Heroes of the Storm comptent presque exclusivement sur ce modèle économique pour leur fonctionnement. Les conséquences d’une telle loi seront donc majeures dans la philosophie de développement des jeux à venir.
Hawley est allé encore plus loin, pointant du doigt les jeux mobiles, très friands des ventes d’objets in-game, surtout lorsque ceux-ci offrent de substantiels avantages. Il a spécifiquement nommé une entreprise de renommée mondiale : « Activision Blizzard qui engendre 2 milliards de dollars de bénéfices grâce à sa filiale King et son jeu Candy Crush » ; il est vrai que le studio suédois, racheté il y a quatre ans pour presque 6 milliards de dollars, a fait de sa marque de fabrique les bonus pouvant être achetés avec de l’argent réel.
Très rapidement, l’Entertainment Software Association, qui organise notamment l’E3, a répondu par la voix de son PDG au nom très cosmopolite, Stanley Pierre-Louis : « De nombreux pays, incluant l’Irlande, l’Allemagne, la Suède, le Danemark, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, ont déterminé que les loot boxes n’avaient rien à voir avec les paris. Nous sommes impatients de partager avec le sénateur les outils et les informations que l’industrie a déjà fourni, qui laissent le contrôle des jeux aux mains des parents« . Avec cette déclaration, l’ESA semble déclarer une guerre ouverte au sénateur Hawley, qui n’a pas encore répondu.
Il est d’autant plus intéressant de noter que selon le projet de loi, un sigle spécifique sera appliqué sur les jeux vidéo concernés, mais ne sera pas délivré par le classique Entertainment Software Rating Board ; ce dernier ayant été créé par l’ESA, on imagine que Stanley Pierre-Louis n’appréciera que très peu d’être laissé sur la touche concernant un domaine qui touche précisément au champ d’action de l’association. Quelle que soit l’issue de ce combat, qui s’annonce d’ailleurs long et acharné, l’industrie du jeu vidéo aux Etats-Unis en sortira fortement bouleversée. Reste à savoir si le reste du monde suivra…