Brevet et interprétation : quelle est la base de l’action en justice de Nintendo contre Pocketpair

Alors, qu’est-ce qui se passe concrètement et qu’est-ce qui va se passe ?

Cette double question agite les esprits depuis une semaine, alors que Nintendo a annoncé intenter une action en justice que les créateurs de Palworld. Huit mois après la sortie du jeu à succès, le possesseur de la licence Pokémon entend respecter sa propre réputation, et donc déchaîner la toute puissance de son département juridique.

Mais concrètement, quell est la base de la plainte de Nintendo. Le site anglophone PCGamer a interviewé Kirk Sigmon, un avocat spécialisé dans la propriété intellectuelle et ayant travaillé à Tokyo par le passé. Et selon ce spécialiste, les juristes de Nintendo ayant déposé la demande d’enregistrement du brevet n’ont pas forcément fait les choses comme il faut : « Votre travail consiste, dans une certaine mesure, à trouver un équilibre délicat entre un champ d’application trop étroit – qui permet à tout le monde de copier librement votre idée parce que vous l’avez décrite de façon très précise – et un champ d’application trop large. Si vous êtes trop large, vous leur donnez la possibilité de faire disparaître le brevet, car vous leur donnez l’occasion de prouver qu’il existait déjà. »

Et c’est bien là le cœur du problème, puisque le géant japonais a breveté l’idée de « contrôler un personnage jouable dans un espace virtuel basé sur un apport opérationnel. » S’il faudra attendre la décision d’un juge… n’est-ce pas là une définition applicable à la plupart des jeux vidéo ? Sigmon relève que même en japonais, la présentation du brevet offre une définition extrêmement large, peut-être un peu trop. Si un juge corrobore cette analyse, le brevet de Nintendo serait donc caduque.

En termes pratiques, le titan nippon perdrait non-seulement le procès mais également le brevet, puisque sa pertinence aura été remise en cause. Cette potentielle victoire de Pocketpair pourrait donc être aussi celle de nombreux studios à travers le monde, avec des conséquences très importantes. Il convient bien entendu d’attendre le début de l’audience préliminaire pour avoir ne serait-ce qu’un aperçu de ce que sera cette saga judiciaire… mais à n’en pas douter, on ne s’ennuiera pas !