[EDITO] Les Jeux Olympiques de Paris 2024, l’occasion rêvée pour l’eSport
On le sait, ça a été répété des millions de fois, Paris accueillera les JO en 2024. Mais aurons-nous la chance d’y voir des compétitions esportives ? Un jour peut-être. Lothan avait écrit en juillet 2015 un édito sur le sujet, mais depuis, on a eu droit à plusieurs évolutions de taille :
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Parlons peu, parlons eSport
D’abord, qu’est-ce que l’eSport ? Dans des compétitions, un jeu choisi voit s’affronter des joueurs, seuls ou en équipe. Jusque là, rien de bien nouveau, cela fait des années que l’on voit cela. Mais aujourd’hui, on ne parle plus simplement de soirées gaming ou de LAN entre potes. Aujourd’hui, ce sont des tournois organisés à l’international, comme par exemple la coupe du monde de FIFA organisée en 2016, les LCS sur League of Legends ou l’Iron Squid bien français, sur StarCraft II.
Depuis quelques temps, l’eSport a connu de grands changements, et profite d’une reconnaissance nouvelle. Si on remonte de quelques années, en 2009, on assiste à la création de l’eSIF (Fédération Internationale de Sport Électronique). Pensé pendant plus d’un an avant sa mise en place, ce projet, basé à Los Angeles, a pour but de donner au sport électronique une place plus importante parmi les autres sports et de mettre en avant les joueurs en leur permettant une carrière professionnelle. En effet, il est aujourd’hui possible de vivre des revenus gagnés lors de compétition esportives.
On peut expliquer cette évolution grâce à plusieurs facteurs ; d’abord, avec le développement des PC et d’Internet, un public beaucoup plus large et plus varié est touché. Aujourd’hui, l’accès Internet et la plus grande possibilité d’acheter des équipements qui, même s’ils restent relativement chers, le sont beaucoup moins qu’avant, donnent à tous la possibilité de jouer. Mais aussi, la discipline attire beaucoup plus de spectateurs, sur des plateformes de diffusion comme Twitch. Au-delà d’une large diffusion en ligne, de grands médias diffusent maintenant des compétitions, comme Canal+ ou BeIn Sports. Ces derniers cherchent un effet à attirer le public en essayant de récupérer une partie des audiences faites en lignes. Résultats : l’eSport est enfin à la télé ; ainsi, le nombre estimé de spectateurs pour 2020 s’élève à 590 millions, contre 323 en 2016 (selon la société d’études Newzoo). C’est déjà une énorme évolution.
Mais cela ne s’arrête pas là ! Au-delà de la diffusion, on trouve de nouveaux participants aux compétitions : les clubs sportifs traditionnels. À l’image des médias, ces derniers cherchent à diversifier leur activité et montent des équipes eSportives. C’est par exemple le cas du PSG, avec le PSG eSport, mais aussi de Monaco, Nantes… L’arrivée d’équipes de cette envergure sur le marché du sport électronique montre l’évolution du milieu, qui recense aujourd’hui de nombreux professionnels. A l’échelle européenne, le Bayern Munich ou Manchester ont été des précurseurs – les Etats-Unis ne sont pas en reste, avec des sommes colossales investies sur Overwatch, par exemple.
Ainsi, les revenus engendrés par l’eSport grimpent en flèche, plus vite encore que les spectateurs. A cela s’ajoute encore l’aide de sponsors, qui s’intéressent de plus en plus à ce marché. Asus, par exemple, est partenaire du PSG eSport, le fabricant d’ordinateurs trouvant dans le club de la capitale un vecteur parfait pour un public parfait.
Mais plus loin que l’aspect matériel, l’eSport a connu de grands changements au niveau de sa reconnaissance et de son encadrement législatif. En France, les jeux vidéo représentent la deuxième industrie culturelle, derrière le marché du livre, il n’est donc plus possible de ne pas y porter une réelle attention. C’est pourquoi, en 2016, la secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire s’est intéressée à la discipline dans le cadre du projet de loi pour une République numérique. Plusieurs mesures y ont été proposées, visant notamment à encadrer juridiquement l’organisation des compétitions, à clarifier le statut des joueurs professionnels et à encourager le développement de ce secteur, qui est économiquement très prometteur. C’est dans cette optique qu’a été créée, en avril 2016, l’association France eSport, qui a déclaré vouloir développer l’eSport en l’inscrivant dans les « valeurs et les principes fondamentaux de l’Olympisme ».
Dans la même veine encore une fois, le Comité Olympique a reconnu l’eSport comme un sport à part entière. Bonne nouvelle donc pour ceux espérant voir ce sport aux JO, cela arrive. Mais leur décision est très nuancée : en effet, les Jeux Olympiques se fondent sur trois valeurs fondamentales, à savoir l’excellence, l’amitié et le respect. Ainsi, le comité a émis quelques conditions, estimant que tous les jeux ne vont pas de pair avec ces valeurs – à titre d’exemples, les joueurs de Call of Duty ou League of Legends ne sont pas exactement connus pour être les hérauts desdites valeurs. D’abord, les jeux mettant en scène de la violence à l’écran ne sont selon eux pas en accords avec les principes olympiques et ce qu’ils veulent renvoyer. Ainsi, nous ne verrons pas représentés des jeux comme Overwatch ou League of Legends, ce dernier étant pourtant un étendard mondial de la professionnalisation des jeux vidéo. Ils sont toutefois ouverts à l’idée de mettre en scène des jeux basés sur des « vrais » sports, comme FIFA ou NBA 2K. Mais là encore, certaines réserves sont émises ; elles portent cette fois sur l’encadrement des joueurs. On le sait, en compétitions sportives, le dopage est interdit et les règles techniques sont strictement arrêtées. Il faudrait donc un suivi des joueurs, prouvant qu’ils respectent une charte bien précise et évoluent, au sein de la catégorie, en accord avec les principes fondamentaux de l’olympisme. Ce point est d’autant plus crucial que des affaires de dopage ont déjà éclatées dans le milieu du sport électronique, obligeant les instances dédiées à prendre des mesures.
On note donc que l’eSport aux Jeux Olympique n’est plus un fantasme, mais un réel projet qui se concrétise petit à petit. Il faut toutefois noter que malgré les énormes progrès dont nous avons déjà parlé, l’encadrement de la discipline qui se met peu à peu en place n’est pour le moment pas optimal et que quelques améliorations sont encore à prévoir. Ces améliorations porteront sensiblement sur le statut des joueurs et sur l’encadrement de la discipline en elle-même. Ce n’est donc maintenant plus qu’une question de temps avant que l’eSport et les JO ne soient liés…
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Paris 2024, l’occasion de la consécration ?
La France et le sport électronique, c’est une longue histoire, et pas des moindres. Des joueurs de talent, des équipes de renom, et des tournois dignes des plus grands shows américains ; mais c’est depuis l’année dernière, comme précisé plus haut, un terreau fertile pour une croissance réelle. Les missions gouvernementales qui ont abouti à la création de France eSports ou les félicitations sur Twitter de personnalités politiques comme Emmanuel Macron ou Anne Hidalgo aux joueurs français sont une preuve plus qu’évidente de l’intérêt de l’Etat dans ce nouveau marché.
Un intérêt financier, bien sûr, car les 983 millions de dollars générés par le sport électronique l’année dernière à l’échelle mondiale attirent l’œil ; mais également social, car l’eSport transcende les milieux sociaux, comme c’est souvent le cas avec Internet. La popularité croissante des jeux vidéo dans toutes les tranches d’âge pourrait donc être le catalyseur d’un « rassemblement patriotique » ; en effet, la Coupe du Monde de 1998 ou l’Euro 2016 ont rassemblé tout le pays derrière une seule équipe, abolissant les opinions politiques, religieuses ou autres, pour ne plus soutenir que le drapeau tricolore. Tous les quatre ans, les performances plus qu »honorables de nos représentants lors des Jeux Olympiques sont un véritable motif de joie et de fierté, il n’y a donc pas de raison qu’il n’en soit pas de même pour le sport électronique.
Mais Paris 2024 sera également l’occasion pour le Grand Paris Express de se dévoiler dans son immense grandeur souterraine ; la révélation d’EuropaCity au monde entier ; et une multitude d’autres projets d’urbanisation/modernisation en projets dans la capitale. Associé à un présent numérique et novateur dans l’esprit de beaucoup, l’eSport pourrait donc très bien être un porte-étendard d’une France actuelle, qui vit dans le monde d’aujourd’hui tout en le poussant à aller de l’avant. Bien entendu, il faudra le support des élus de la république pour cela, mais l’intérêt est mutuel. Tony Estanguet, co-président de la candidature de Paris pour les JO 2024 et un des architectes de cette victoire, a par le passé évoqué en termes positifs l’admissibilité de l’eSport ; néanmoins, l’actuelle ministre des sports, Laura Flessel, n’a pas infirmé ou confirmé d’étude interne confirmant la pertinence du sport électronique aux Jeux Olympiques, bien que l’actuel gouvernement ne soit pas fermé à cette idée.
Paris 2024 et le sport électronique, une histoire qui ne fait que commencer !
Ecrit par Axelle Papalia pour Always For Keyboard.
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