Ubisoft : le procès d’anciens cadres pour harcèlement sexuel reporté à début juin

L'affaire, qui remonte à 2020, a fait couler beaucoup de touches de clavier

Le procès pour harcèlement moral et sexuel de trois anciens cadres d’Ubisoft, qui devait s’ouvrir ce lundi 10 mars au tribunal correctionnel de Bobigny, a été reporté à début juin. Cette affaire, qui secoue l’industrie du jeu vidéo depuis plusieurs années, met en lumière les dysfonctionnements internes de l’éditeur français, connu pour des franchises à succès comme Assassin’s Creed, Far Cry et Rainbow Six.

L’audience a été ajournée après des questions de procédure soulevées par la défense. Ce report prolonge un dossier qui remonte à 2020, lorsqu’une vague de témoignages accablants a révélé un climat toxique au sein des bureaux parisiens d’Ubisoft. Plusieurs figures influentes de l’entreprise ont alors quitté leurs fonctions ou ont été licenciées ; Ainsi, Serge Hascoët (ancien directeur créatif) a démissionné, tandis que Thomas François (ancien vice-président du service éditorial) et Guillaume Patrux (ancien game director) ont été licenciés pour faute grave. Ce procès est inédit dans l’industrie vidéoludique française, marquant une première reconnaissance judiciaire des abus rapportés ces dernières années.

Ubisoft, qui est tout de même l’un des plus grands éditeurs mondiaux, a été profondément impacté par ces révélations. En 2020, l’entreprise a été contrainte de revoir ses pratiques de gestion et de renforcer ses mesures contre le harcèlement, sous la pression de ses employés et du grand public. Yves Guillemot, PDG de la société, avait promis des réformes, mais de nombreux témoignages indiquent que le changement a été lent et inégal ; il est également importante de noter que Guillemot n’a jamais reconnu de responsabilité dans toutes ces polémiques, malgré son rôle qui lui incombe de veiller au bien-être général des employés de l’entreprise.

Le scandale a également eu des répercussions sur l’image de l’entreprise. À l’époque, plusieurs projets ont été retardés en raison du remaniement interne et des départs de figures clés du développement : on citera Skull & Bones, qui a été reporté de nombreuses fois et n’a jamais réussi à séduire son public.

 

A bien des égards, ce procès représente un moment charnière pour l’industrie du jeu vidéo, longtemps critiquée pour sa culture toxique et sa tolérance envers des comportements abusifs. Il intervient dans un contexte où d’autres grands groupes, comme Activision-Blizzard, ont également été confrontés à des affaires similaires. L’éditeur californien (désormais propriété de Microsoft) avait fait face à de nombreuses accusations de harcèlement sexuel, qui pointaient notamment du doigt un « esprit de fraternité » où un petit groupe d’hommes régnaient en maître. C’est aussi ce qui semble le cas chez Ubisoft, où un sexisme institutionnel s’est manifestement bien enraciné.

Le report à juin prolonge l’attente pour les victimes présumées et les observateurs du secteur, mais il ne fait que souligner l’importance de cette affaire. L’issue de ce procès pourrait établir un précédent juridique et redéfinir la gestion des ressources humaines dans l’univers du jeu vidéo.

Si l’on ajoute à cela les nombreuses polémiques autour de Assassin’s Creed : Shadows, le mécontentement croissant des employés et les rumeurs d’un rachat, Ubisoft est bel est bien dans une spirale infernale depuis plusieurs années…

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